jeudi 27 décembre 2012

[Paul Beorn] Les derniers parfaits

Titre : Les derniers parfaits
Auteur : Paul Beorn
Editeur : Mnémos
Nombre de pages : 336


Dans le royaume de France ravagé par la guerre contre les légions catharis d’Occitania, Cristo, un soldat prisonnier, échappe à ses geôliers enchaîné à trois compagnons d’infortune. Les quatre fuyards que tout oppose doivent s'entraider pour survivre, contraints de se cacher puis d'emprunter les chemins de traverse. Commence alors pour eux une haletante course-poursuite à travers un pays ennemi dominé par des démons et vivant sous le joug d’une Église catharis fanatisée. Ici, dans les vestiges d'un antique Empire disparu, une magie ancienne continue de survivre dans des talismans et d'immenses tours-statues. Au coeur des forêts profondes et des montagnes déchiquetées des terres occitanes, pris dans le fracas des combats, Cristo et ses compagnons prendront conscience de porter en eux un pouvoir insoupçonné. Ils verront leur destin basculer et le monde trembler sous leurs pas. 
Paul Beorn nous propose un roman de Fantasy sombre et sans retour, aux références dantesques et boschiennes, tant les visions horrifiques qu’il crée nous rappellent certaines des figures de ces deux artistes du Moyen Âge.

Vous aimerez :
- l'univers horrifique
- l'espoir chevillé au corps des personnages
- les péripéties qui s'enchaînent
- les maleficum, des objets magiques... attachants !
- la densité quasi historique de l'univers fantasy

Vous n'y trouverez pas :
- une histoire de France intacte...
- de détails gores épargnés au lecteur
- de manichéisme
- de longs chapitres

Mon avis ?
Sans être des coups de cœur, les précédents ouvrages de Paul Beorn publiés chez Mnémos m'avaient beaucoup plu. En ce qui concerne Les derniers parfaits, me voilà totalement conquise !!

Tout commence par quatre esclaves enchaînés que le hasard d'une pierre jetée par une catapulte sépare du reste de la chaîne humaine. En plein champ de bataille, sans se connaître les uns des autres, les quatre personnages principaux de ce roman, que rien ne réunissait sinon leurs chaînes, vont s'échapper de leurs terribles esclavagistes. Le groupe, composé de trois hommes et d'une femme déguisée en homme, parvient de justesse à quitter le champ de bataille. Les voilà partis pour une aventure qu'ils ne seront pas prêts d'oublier ! Une aventure et une fuite commune, toujours plus loin dans l'horreur et vers l'espoir, puisqu'ils traversent le pays conquis par l'ennemi enchaîné les uns aux autres : eh oui, leurs liens sont fabriqués en acier noir indestructible...

Un acier forgé dans le souffle des démons, ces terribles êtres craints à la fois des Catharis qui les contrôlent, et de leurs ennemis les Francs. Sur ce point, je n'en dirais pas plus, car toute la saveur du roman repose sur ces fameux démons, ennemis de tous au final. D'où viennent-ils ? D'où vient leur pouvoir ? Comment et pourquoi sont-ils apparus ? Les héros se dirigent, sans le savoir au début, vers la source de la magie des démons... une magie apparemment volée au Premier Empire.

Un Empire où la magie avait sa place, avant que les religions (au pluriel, oui, oui, pas de manichéisme que diable ^^) ne prennent le dessus. Mais la magie perdure à travers le peuple des derniers parfaits, mendiants cachés dans le maquis et convertissant toujours plus de monde à leur religion première. Une religion aussi proche que possible des origines, aussi éloignée que possible de celle des Catharis, qui ont détourné les enseignements premiers : interdiction de manger de la viande par exemple mais, surtout, interdiction de procréer, faisant de leur peuple un peuple de vieillards frustrés. Mais alors comment expliquer la jeunesse, la vigueur et le nombre grandissant des troupes armées catharis ? C'est là un autre secret, caché au fond des casas de juventud, que nos héros vont découvrir malgré eux...

Oui, le terme utilisé dans le roman est en occitan, car l'auteur n'hésite pas à mélanger français, occitan et même arabe. Cela donne un roman tout à fait exotique à lire, pour autant pas compliqué à comprendre puisque ce qui n'est pas compréhensible via le contexte est traduit en bas de page (et il n'y a pas énormément de notes).

Le parcours de la fuite de nos héros explique cette grande variété des langues  : à travers tout le sud de la France, jusqu'en pays Maure et au-delà, ils rencontreront des personnes de tous âges et toutes origines, et converseront bien évidemment dans des langues différentes selon la nature de la rencontre... un aspect du roman très bien géré – comme le reste – que j'ai particulièrement apprécié !

Ce que j'ai aussi particulièrement apprécié, ce sont les maleficum, des objets magiques de toute taille, toutes fonctions, toutes apparences, un vrai bonheur que d'en découvrir de page en page ! Ils sont très surprenants, surtout un certain petit lacet d'apparence anodine... qui se révèle au final un allié très précieux.
La magie est aussi présente dans les personnages, puisque chaque être humain a en lui un talent, lié à un animal en particulier. Dans le groupe des quatre évadés, par exemple, l'un d'eux a le talent de l'ours : sa force surhumaine, son courage, etc. Les autres ont des talents encore plus surprenants mais je vous laisse la surprise afin de ne rien gâcher.

Autre point que j'ai adoré, justement : les quatre héros, et la manière extrêmement subtile avec laquelle l'auteur les lie entre eux. Dès le début le destin les relie entre eux par des chaînes indestructibles et, donc, ils doivent apprendre à s'entendre immédiatement. Cela se fait tout naturellement, à la foi par la force des événements et... de leurs caractères respectifs. Les rôles se répartissent bien vite, de manière subtile. Les personnages sont vraiment hyper attachants, d'autant plus qu'ils s'en prennent plein la figure tout au long du roman, et ce, jusqu'à la dernière page... mais là, j'en dirais pas plus. Seulement que la fin, si elle m'a plu, est par un autre côté extrêmement frustrante !!!

Bon, je pourrais disserter encore longtemps sur ces Derniers parfaits, sans jamais tarir d'éloges, mais je vais quand même conclure. En quelques mots : violent, noir, d'un style étonnant, à la fois fluide et percutant, Les derniers parfaits est un roman d'aventure et de fantasy historique extrêmement prenant qu'on a vraiment du mal à lâcher ! Une petite pépite qui fait regretter qu'il n'y ait pas de suite (du moins rien d'annoncé pour le moment), tant les personnages sont vivants et lumineux, au sein de cet univers d'un noir d'encre désespérant et terrifiant.

Merci aux éditions Mnémos et au forum Mort-Sûre pour ce partenariat vraiment génial !

5/5

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